NOTRE LYCEE
LAKANAL
Depuis
que j'ai franchi l'âge climatérique
De plus en plus souvent ma cervelle se pique
De souvenirs du temps où nous étions pancus
Au lycée Lakanal, vénérable bahut.
Lakanal, macarel ! non Gabriel Fauré,
Cet as de la pavane en sol fa mi do ré !
N'en déplaise aux pédants, aux snobs, aux mélomanes
Persistons de Joseph à honorer les mânes !
Pourquoi lui préférer un natif de Pamiers,
Quoique ardent virtuose et génie du clavier ?
Lors, de
l'enfant glorieux de Serres-sur-Arget
Nous voulons que le nom soit toujours louangé.
Non parce qu'il organisa le monde académique
Et fut le fondateur de l'Instruction Publique,
Ni qu'il fut Jacobin, Montagnard, régicide,
Ou du clergé papiste un pourfendeur rigide.
Aucun de ces hauts faits ne me vient à l'esprit,
Quand l'écho de ce nom se mue en rêverie.
Ce nom, en mon rappel de ces années lointaines,
N'est seul qu'associé à toutes nos fredaines :
Nos rires, nos chahuts et belles couillonnades,
Sans oublier bien sûr la futile algarade
Qui tournait en castagne derrière le fronton,
Ni nos blagues sur celles... bien pourvues en tétons
Qui éveillaient en nous des pensées déshonnêtes.
Nous qui
avons admiré le Mandoc et Paulette,
Subi l'amer Castex et supporté Gogotte,
Nous sommes les derniers, mes amis, mes vieux potes,
A célébrer aussi le bon Jim et le Bic
Pour leur mansuétude à l'égard des loustics.
N'oublions
pas non plus que le nom Lakanal
Restera attaché au beau maillot bleu pâle
Jusqu'entre les poteaux d'une amère finale.
Alors, qu'au frontispice de notre remembrance
Reste gravé profond ce nom plein de vaillance.
Et devant sa statue des Allées de Villotte
Saluons Lakanal, chapeau bas, tête haute.
JEAN-CLAUDE PERPERE
, juin 1977
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